Belgo-Romains et Franco-Saxons.
Parler d'identité ethnique peut paraître suspect et non scientifique car les études ADN
trop récentes et fragmentaires sur les peuples(halogroupes) ne peuvent encore le justifier. Il
s'agit ici de préciser comment le peuplement de la région s'est effectué au cours des siècles.
Cette identité s'est forgée selon différentes strates successives, tout à fait identifiées.
Sans négliger le fait d'un peuplement dès la préhistoire, les faits historiques permettent de
confirmer plusieurs siècles avant notre ère, un peuplement de tribus belges, à la croisée des
civilisations germaines et celtiques, et au contact des Iles Britanniques avec lesquelles
existent de nombreux liens et échanges du fait d'une communauté de peuplement belge.
Après la conquête romaine, quatre siècles vont constituer le fond Belgo-Romain, qui se
distingue du gallo-romain du sud de la Seine. Un axe relie Boulogne, Bavay, Tongres et
Cologne, connecté à Reims et Trèves.
La composante germanique, déjà présente au sein des Belges, se renforce au IVème siècle,
par l'implantation dans le Brabant des Francs Saliens, fédérés au sein de l'empire romain. Ce
peuplement, renforcé par des apports frisons,saxons et danois, s'étend progressivement vers
l'Ouest avec une densité forte au nord de la Lys jusqu'à la Canche et sera à l'origine de la
frontière linguistique entre les langues germaniques et romanes.
A l'Ouest de l'Aa, jusqu'aux estuaires de la Canche, de l'Authie, et de la Somme, dans
l'ancienne Morinie, s'établit à compter du Vème siècle, un peuplement saxon massif dont la
toponymie actuelle révèle l'ampleur. Le lien avec la colonisation anglo-saxonne de la Grande-
Bretagne (la Britannia romaine) est puissant et va contribuer à l'essor du port de Cuentowik
sur l'estuaire de la Canche. Pendant la même période, les Francs s'étendent au sud de la Lys
intégrant les populations belgo-romaines dans leurs royaumes qui atteignent la Somme et
l'Ardenne. Ainsi les Francs, au Nordde la Lys resteront de langue germanique, mais
au Sud, partis à la conquête de la Belgique, se mêleront aux Belgo-Romains peuplant l'Artois,
le Hainaut, la Picardie et l'Ardenne.Dès lors, en l'an 500, l'identité ethnique est
largement achevée et les caractéristiques Belgo-Romaines de la Belgica romana ont fait place
à une dominante Franque (mêlée aux Saxons à l'Ouest), dont la capitale sera Tournai,
symbiose des Belgo-Romains et des Franco-Saxons.
La domination franque s'étendra à l'Europe occidentale les siècles suivants, mais sera avant
tout militaire. A la convergence des mondes latins, francs et saxons, la région verra fluctuer les
zones d'influence culturelle de ces trois composantes mais sans bouleversement de
peuplement.
L'usage des langues romanes (picard, wallon),et des langues germaniques (saxon dans
l'Ouest et flamand au Nord de la Canche et de la Lys)se modifie surtout dans la partie
occidentale de la région après le XVème siècle.
Le peuplement de la région peut ainsi être qualifié de Franco-Saxon ayant fait la synthèse
des apports belges, romains, et germaniques(Francs et Saxons).
Le vingtième siècle verra une immigration massive des Polonais et spécifique à la région,
qui, comme les Belges, les Saxons et les Francs,sont originaires des vastes plaines d'Europe
du Nord, à l'Est du Rhin.