Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le passage de l'évêché d'Arras sous la tutelle de celui de Cambrai va modifier le devenir de l'Ostrevant. L'évêque de Cambrai est aussi comte du Cambrésis, terre de l'empire romain-germanique. Le Comte de Flandre va alors tenter de récupérer l'Ostrevant, rendre l'autonomie à l'évêché d'Arras, alors en totalité en Flandre et surtout éviter les taxes sur l'Escaut payées à l'évêque de Cambrai ou au comte du Hainaut

La création de Douai peu avant l'an 1000 répond à cette donnée stratégique: comment relier la ville d'Arras (et la production de blé de l'Artois) à celle de Gand, toutes deux flamandes sans naviguer sur l'Escaut à partir de Bouchain?

Arras est sur la Satis (la Sensée) rivière navigable passant par Biache, Sailly, Lécluse, Arleux, jusqu'à Bouchain.

Les comtes de Flandre font creuser le canal de Vitry, détournant la haute Sensée à partir de Biache , vers de petits ruisseaux venant d'Estrées et Esquerchin et qui se rassemblent à Lambres pour former une petite rivière, la Scarpe. L'apport du flux important de la Sensée fait de la Scarpe un fleuve navigable jusqu'à Mortagne, à sa confluence avec l'Escaut, qui entre alors à Tournai, puis en Flandre. Le cours amont de la rivière devient alors la Scarpe.

Une grande partie de l'Ostrevant va néanmoins passer sous la souveraineté de Comté du Hainaut et le rester, sauf Douai et quelques villages proches.

Douai est une ville stratégique pour la Flandre, et restera flamande malgré les pertes territoriales du comté, notamment lors de la séparation de l'Artois.

La ville résista aux tentatives françaises d'annexion, en particulier en 1479, lorsque Louis XI, roi de France, veut s'emparer des Pays-Bas, héritage de Marie de Bourgogne, comtesse de Flandre et d'Artois.Cette défaite des français devant Douai célébrée chaque année en juin sera à l'origine de Gayant. Le géant fut interdit à plusieurs reprises après l'annexion française mais le déplacement de la date en juillet, correspondant à l'entrée de Louis XIV, permit finalement un compromis franco-flamand autorisant Gayant, mais lui ôtant ses origines anti-françaises.

La fidélité de Douai au comté de Flandre, et aux Pays-Bas ainsi qu'à leurs souverains se manifeste en 1710, lors du reflux des français, les douaisiens se considèrent libérés de la « tyrannie française » par Eugène de Savoie, commandant des armées des Pays-Bas, accueilli en libérateur par l'Université.

Ce sentiment d'appartenance se manifeste à nouveau en 1789, avec un cahier de doléances qui réclame le maintien des usages, franchises et privilèges de la Flandre.

L'histoire régionale ne doit pas être réduite à « une parcelle » de l'histoire de France.

Rappelons que pendant le premier millénaire la France n'existe pas. L'Ostrevant est partie intégrante de l'Atrébatie, au sein de la Belgica romana, puis un « pagus » (ou Gouw) des premiers royaumes francs de Tournai, Arras et Cambrai (la Francia des origines).

Après de la création des principautés issues du démembrement de l'Empire Franc, la Flandre s'opposa à l'extension du pouvoir royal de la Francie occidentale, qui devenue France, resta l'ennemie, ne pouvant empêcher le rassemblement de 17 provinces qui formèrent les Pays-Bas pendant trois siècles.L'histoire régionale est singulière, similaire à celle de la Belgique pendant 17 siècles, et mérite d'être réhabilitée, tant elle comporte de richesses, exposées dans le livre « Les Chtimis sont-ils des Belges? ».

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :