Le royaume de Thor

 Le royaume de Thor. 

Le christianisme reconnu religion impériale en 391 est largement répandu dans l'empire d'Orient, parmi les provinces romaines des pays actuels tels que l' Egypte, la Turquie, la Tunisie, la Lybie, mais en Occident, à part l'Italie, les autres provinces sont peu christianisées. En Belgique et Germanie seconde, seules les grandes villes possèdent une communauté chrétienne: Trèves, la capitale, ainsi que Reims et Cologne.

Partout en Belgique, les Francs, massivement implantés au nord, plus dispersés au sud encore peuplé de belgo-romains peu christianisés, pratiquent leur religion, et vénèrent les dieux germaniques, comme l'attestent les découvertes archéologiques à Arras.

La religion chrétienne pourtant en progrès en Belgique grâce à la volonté impériale, va reculer face à la progression du culte des divinités germaniques à partir de la colonisation franque au milieu du siècle.

Le partage de l'empire en 395, scelle la lente et pacifique colonisation franque au sein des provinces belges, car le pouvoir romain à Trèves a besoin massivement des Francs et des Alamans pour constituer une armée de défense du Rhin.

La culture et la religion des Francs sont identiques à celles de l'ensemble des Germains, depuis la Scandinavie, jusqu'aux plaines du Danube peuplées par les Goths.

Le monde est partagé entre celui des dieux, celui des hommes et celui de l'extérieur où se trouve le royaume des morts (Hel). Cet univers est ordonné autour de l'arbre de vie (Yggdrasill ou Irminsul), source du monde, dont la vénération se traduisait dans chaque tribu, par un arbre sacré, symbole du culte.

Odin ( Wotan) est le dieu primordial qui a donné vie au premier homme et à la première femme. Il est le dieu de la connaissance et de la magie.

Son épouse est Freya (Frigg), déesse de la fertilité, de l'amour, de la famille (culte attesté à Arras).

Les dieux sont très nombreux dans la religion germanique qui a marqué durablement notre région dès le IVème siècle, et leur culte résistera plusieurs siècles.

La méconnaissance des particularités de cette religion par de nombreux historiens traitant de notre région, et le réflexe de qualifier de celtique, des croyances et des traditions qui sont spécifiquement germaniques illustrent encore une fois combien l'histoire officielle inculquée pendant plus d'un siècle nous ramène systématiquement à nos pseudo-ancêtres les Gaulois !

Pourtant le culte des dieux germaniques a laissé de nombreux témoignages que les archéologues mettent aujourd'hui de plus en plus souvent en évidence. Les études toponymiques mériteraient aussi d'être revisitées à la lumière des traditions spirituelles germaniques.

Ainsi, le nom de Thor, dieu du tonnerre et de la guerre, se retrouve dans celui du village de Tubersent, autrefois Thorbaldinghem, Thorbald, nom signifiant fierté de dieu.

Le mont Hilbert à Etaples (Staple), se décompose en Hil, et Bert, graphie romane de Berg (mont) alors que Hil, est le royaume des morts (Hel) comme en atteste la découverte de nécropoles et d'un sanctuaire, curieusement relayé aujourd'hui par… un calvaire. Helfaut (Hel-feld), représente le champ du royaume des morts protégé par Odin et Freya. Enfin, la vénération des arbres sacrés subsistera encore de nombreux siècles.